Robert et ses maîtres (Jean de Bonnefon et Louis de Gonzague Frick)

Dans ce que Anne Egger nomme la « constellation des "maîtres", [ces] hommes un peu fantasques qui aiment à s’entourer de jeunes poètes et les aident à s’insérer dans le monde littéraire », deux hommes ont particulièrement compté et gravité autour de l’astre Desnos : Louis de Gonzague Frick et Jean de Bonnefon.

« Mentor de la plupart de tout ce que la littérature actuelle compte de jeunes auteurs[1] » d’après Desnos lui-même, Louis de Gonzague Frick (1883-1958), est un dandy, proche du milieu anarchiste, mais surtout connu pour son œuvre de poète symboliste[2]. Ami de Guillaume Apollinaire, de Laurent Tailhade, de Max Jacob ou encore d’André Salmon, il est tenu en estime par Reverdy et Cocteau et anime la vie littéraire des années 1920 par ses banquets organisés à La Closerie des Lilas. Il fonde et collabore à de nombreuses revues, parmi lesquelles Les Écrits français (1913-1914), Les Solstices (1917) et plus tard Le Lunain (1936-1937) dans lesquels il publie des critiques d’ouvrages. Personnage pour le moins original, il cultive un certain goût pour l’occulte et la prophétie, penchant qui n’a pas dû déplaire à Desnos, et se dit expert en phyllorhodomancie « l’art de vaticiner par la perlustration des feuilles de rose ». Apollinaire, dont il a été le camarade au collège Saint-Charles de Monaco, nous en donne un portrait dans Anecdotiques :

un jeune homme de haute taille, en redingote, chapeau haut de forme, une rose insigne à la boutonnière, et, à l’œil droit, un monocle insolent. […] Après s’être fait connaître, ce visiteur matinal me suivit dans mon bureau et, tandis que je grelottais car il faisait froid, il me récita L’Après-midi d’un faune et quelques proses de Mallarmé ; après quoi il déclama les passages principaux d’un roman de M. Sadia Lévy, écrivain rare et nombreux ; la déclamation d’un long morceau de L’Enchanteur pourrissant me flattât au-delà de toute expression, je goûtai encore telle tirade extraite d’un ouvrage de M. Suarès et un mélodieux poème de Jean Royère. Ces déclamations, pendant lesquelles je ne cessai de grelotter, étaient coupées de remarques formulées en une langue ferme et nette que la rareté de la plupart des mots rendait néanmoins difficile à comprendre. Au point que, grelottant, je n’hésitai point à comparer mentalement mon visiteur à l’écolier limousin, et aussitôt il m’intéressa[3].

Desnos rencontre Louis de Gonzague Frick en 1917, lequel le présente à Jean de Bonnefon, au service duquel il travaille comme secrétaire en 1919-1920, jusqu’à son départ pour le service militaire. Journaliste au Gaulois, directeur du journal satirique monarchiste Triboulet, de la revue L’Art et l’autel, revue mensuelle de la beauté chrétienne, Jean de Bonnefon (1866 – 1928) est l’auteur de nombreux articles critiques, volontiers polémiques, en particulier sur la politique religieuse et le clergé. « Catholique anticlérical », comme il se nomme lui-même, il prend notamment part à la rédaction de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. Vivant entre Paris, Nice et Le Calvinet (village du Cantal dont il est le maire), voyageant beaucoup à Vienne et au Vatican, celui qu’Apollinaire et André Salmon surnomment « l’hippopotame[4] » en référence à sa corpulence, aime s’entourer de secrétaires qui passent pour ses mignons[5]. Il possède sa propre société d’édition dont les bureaux parisiens sont installés au 32 rue de Vaugirard et dont le rez-de-chaussée, rempli de livres rares et anciens, fascine le jeune Desnos, comme avait pu le faire avant cela la bibliothèque de Poinsot[6]. De ce personnage original et plein de contradictions, Desnos dresse un portrait truculent dans Le Merle, lors de sa mort en 1928 :

C’était un personnage hoffmannesque, tout au moins physiquement, avec son adiposité extraordinaire, son énorme ventre accusé par des gilets voyants, ses cravates chamarrées, son monocle incrusté dans sa grasse figure aux traits arrondis, bourboniens, que des coques de cheveux blancs encadraient à l’ancienne, ses doigts boudinés en bagues bizarres, ses ports de tête altiers et sa voix melliflue. Il avait la parole facile, insinuante, fleurie, maniant avec la même dextérité la médisance élégante, l’anecdote brillante et le délicat persiflage[7].

Entre le dandy Gonzague Frick fréquentant le tout Paris avant-gardiste et le plus conservateur Bonnefon, Desnos se trouve donc, à ses débuts, sous une double tutelle morale. De sa rencontre avec ces deux personnages originaux témoignent essentiellement ses correspondances aujourd’hui conservées à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet.

Au sein du fonds Desnos[8] restent 63 lettres et cartes envoyées par Louis de Gonzague Frick, auxquelles s’ajoutent des coupures de presses et des cartons adressés à Robert, au couple ou à Youki seule après la mort du poète. Les documents, envoyés pour la plupart de Paris (rue Notre-Dame-de-Lorette, puis rue de Lunain), ne sont pas toujours datés. Louis de Gonzague Frick y laisse voir une écriture fine, souvent tracée sur des papiers portant entête des journaux dans lesquels il publie : Don Quichotte, La Nouvelle égalité, La Démocratie nouvelle, Comoedia, La Nouvelle revue critique, mais aussi L’Irrintzina, Paris-Soir ou Marianne. Le dandy s’y exprime dans une langue éminemment symboliste, très recherchée et riche d’adjectifs savants. Seules cinq lettres signées de Robert Desnos[9], datant des années 1919-1923 et envoyées de Paris, puis de Chaumont, alors qu’il y effectue son service militaire, viennent compléter cet ensemble. Enfin, pour circonscrire la nature des échanges entre ces deux hommes, il convient de mentionner les 15 cartes et lettres envoyées par Desnos à Frick conservées au Harry Ransom Center[10] (Austin, Texas) et publiées par Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele[11].

La correspondance avec Jean de Bonnefon, quant à elle, recouvre 98 lettres, cartes postales et pneumatiques, accompagnés de quelques documents (des coupures de presses, des articles de Jean de Bonnefon). La plupart du temps non datées, ces lettres sont envoyées par Bonnefon du Calvinet, de Vienne, ou encore de Nice à Desnos qui, lui, se trouve à Paris, à Chaumont ou encore au Maroc pendant son service militaire. Fait remarquable, on peut, sur certaines lettres, lire les deux écritures de Jean de Bonnefon et de Robert Desnos car il arrive que Bonnefon réponde en renvoyant la lettre de Desnos annotée, comme un maître d’école pourrait laisser des commentaires dans les marges d’une copie d’élève.

Auprès de Desnos qui, après le certificat d’études, a fréquenté quelques temps l’école Turgot pour effectuer des études commerciales, Gonzague Frick et Bonnefon jouent incontestablement le rôle de formateurs et de conseillers littéraires. Chacun à leur manière, ils initient le jeune Robert à l’art, la littérature, mais aussi aux bonnes manières ; ils l’introduisent dans le milieu littéraire et soutiennent ses premières publications. C’est ainsi un triple apprentissage qui se laissent lire dans ces correspondances : social, culturel et d’écriture.

« Robert de la lune » secrétaire de Bonnefon ou l’apprentissage des bonnes manières

Desnos est embauché à l’âge de 19 ans comme secrétaire par Jean de Bonnefon, en 1919, après avoir démissionné de la maison Darasse, producteur de produits pharmaceutiques pour laquelle il était traducteur et rédacteur des campagnes de publicité[12]. À Paris, Jean de Bonnefon vit rue de Seine dans un appartement dont la description par Desnos en 1928 rend encore tout l’étonnement qui avait dû être celui de ce jeune poète :

Les vastes pièces, ornées de tentures rares, étaient pleines de précieuses vieilleries, d’objets d’art religieux, chasubles brodées, parchemins enrichis de pourpre et d’or, ciboires de cuivre repoussé, missels anciens… Tous ses invités étaient masculins. Jeunes écrivains, poètes, journalistes, musiciens. Jean de Bonnefon se mouvait à l’aise parmi ces éphèbes. Pourtant il avait au moins une femme dans sa vie, Caecilia Vellini[13].

En tant que secrétaire, Desnos travaille souvent en l’absence de celui qu’il appelle toujours son « maître », retenu au Calvinet ou à Nice. Il est chargé d’acheter et d’envoyer des journaux (Le Figaro et L’Intransigeant, certainement introuvables au Calvinet) à son employeur, de transmettre le courrier, de préparer un service de presse, des étiquettes, ou encore de lui envoyer des livres.

Mon cher Robert,
Vous voudrez bien chaque semaine en payant Maria m’envoyer la copie des articles de son livre.
Avant les libraires, il faut faire le service de presse.
Je vous ai rendu la liste que vous aviez copiée en envoyée à M. Max-Beyrs lequel l’a renvoyée, en y ajoutant un nom : celui de M. de Moro-Giafferi sans adresse mais elle est sur le tout Paris.
Faites toute affaire cessante autant de paquets qu’il y a de noms sur cette liste (à moins que vous n’ayez perdu la liste). Faites vite. Je vous enverrai samedi des étiquettes et lundi vous ferez sur chaque étiquette une adresse de service de presse. Écrivez-moi si vous avez oui ou non perdu la liste.
Cela doit tout suspendre, même mon travail.
Tenez-moi au courant,
Votre ami,
J de B
Je vous envoie 100 fr par le prochain courrier[14].

Lorsque Bonnefon est loin de Paris, Desnos accueille les visiteurs et reçoit en particulier les visites de dames du monde. Cela donne lieu à quelques scènes cocasses, qui révèlent déjà les dons de Desnos pour les endormissements spontanés, comme il le raconte plus tard dans un article intitulé « Le secrétaire endormi » :

Un jour survint une dame portant l’un des plus grands noms de la noblesse italienne. Elle frappa, refrappa, pas de réponse. Elle entra… Appela, pas de réponse… enfin dans le salon, elle trouva le secrétaire endormi sur le divan. Discrètement, sans l’éveiller, elle épingla sa carte de visite au veston du jeune homme et s’en fut. […] On juge la surprise du secrétaire, à son réveil, après une sieste réparatrice, ces dames du monde ont toutes les délicatesses[15].

Dans ses lettres, Jean de Bonnefon laisse souvent percevoir son agacement envers son secrétaire par des formules peu amènes qui laissent à penser que le jeune Robert n’est pas aussi rigoureux et impliqué que le souhaiterait son employeur : « Vous avez le cerveau en bulle de savon[16] ! », lui écrit-il, excédé. Sous la plume du journaliste, se dessine le portrait d’un jeune poète oublieux et dilettante : « Travaillez-vous un peu ou rêvez-vous le jour à vos actions nocturnes[17] ? » ; « Quel travail allez-vous donc faire pour vous ce mois-ci ? Rien sans doute, paresseux[18] ! ». Passablement insouciant, le jeune Desnos apparaît, dans les mots de son « maître » Bonnefon, loin des préoccupations matérielles : « Soyez littéraire mais sur terre, pas dans la lune[19] » ; « Êtes-vous capable, ô Robert de la lune, de descendre sur terre pour aller mercredi matin au Louvre[20] ? »

C’est, pour le jeune Robert, d’abord un travail alimentaire, qui l’occupe l’après-midi mais doit lui laisser ses matinées et ses soirées pour écrire et voir ses amis… sauf quand les urgences le retiennent, ainsi qu’il le déplore, non sans humour, auprès de Louis de Gonzague Frick :

Paris ce jeudi
Trois fois hélas
Cher monsieur,
Le pain quotidien en la volumineuse personne de Jean de Bonnefon me retient impérieusement tous les jours de semaine et même ces jours le matin par suite d’un accident.
À mon désespoir je ne pourrai donc vous voir demain[21].

Ces mois passés au service de Jean de Bonnefon sont également, pour le jeune écrivain, l’occasion d’accéder à sa bibliothèque, dont on lui demande de faire l’inventaire « avec suite et intelligence » en étant « sage et laborieux[22] ». Le journaliste du Gaulois l’envoie encore à la Bibliothèque nationale, faire des recherches bibliographiques pour ses articles sur les questions religieuses ou vaticanes dont il s’est fait une spécialité de polémiste.

Mon cher Robert,
Comme je vous l’ai dit, il faut travailler sérieusement ce dernier mois à la Bibliothèque nationale je vous prie de revenir au catalogue par titre où vous avez cherché. Relevez d’urgence aux mots « Vatican », « pape », « papauté », « ambassade » les ouvrages de 1902 à 1920 qui peuvent avoir trait aux relations diplomatiques entre la France et le Saint Siège : écrivez les titres et noms d’auteurs ; écrivez-moi cette petite liste et je verrai quels livres vous devrez lire. Je veux cette liste (qui demande 1 heure) d’urgence. J’espère que vous avez commencé par les livres déjà notés.
Votre ami,
J de B[23].

Une autre fois, ce sont des notes sur un livre de Brunetière, Questions actuelles[24], que son maître lui commande depuis Le Calvinet.

Prenez des notes sérieuses et utiles dans ce livre surtout qu’il y a des détails historiques. Écrivez moi le nom de l’éditeur du livre de Brunetière et la date n° 8 Z 16941.[25]

Si les œuvres qu’on lui demande de fréquenter pour ces recherches paraissent bien éloignées des sujets de prédilection de son œuvre poétique et des auteurs qui l’inspirent, nul doute que Desnos trouve dans cet accès aux bibliothèques l’ouverture au monde littéraire et le chemin d’une initiation culturelle qui participent à sa formation de poète.

L’initiation à la lecture se double d’un apprentissage de l’écriture. Le jeune Robert, qui n’a fait que de courtes études et a quitté le foyer de ses parents pour vivre sa vie dès l’âge de 16 ans, trouve en Jean de Bonnefon un maître de bonnes manières et du savoir-écrire. Ce dernier reprend Desnos sur son expression et lui enseigne les formules de politesse :

Votre lettre est très bien mais, à votre âge, il faut toujours mettre, sauf à ceux de votre âge, sentiments respectueux ou déférents[26].

Alors que Desnos avait signé « Votre sincère », son ainé le corrige :

Ayez la gentillesse de terminer simplement et toujours vos lettres aux vieux dont je suis par ce mot Respectueusement. Cela suffit comme formule habituelle. Moi je termine : Affectueusement / affection[27].

C’est donc un apprentissage des codes, des manières de se comporter qui s’opère dans ces échanges, façonne qui peu à peu le jeune homme inexpérimenté et aiguise son goût et sa culture.

L’ initiation artistique d’un « élève en Apollon »

L’apprentissage se veut aussi littéraire et culturel. Si nous n’avons pas les lettres de Desnos, on peut déduire des réponses de « maître » Bonnefon que l’apprenti poète lui fait part de ses découvertes artistiques et lui partage ses impressions. C’est ainsi au miroir des réactions du vieux Bonnefon que s’affirment le jugement et les goûts du jeune Robert. On y parle peinture, échangeant sur le moderne Toulouse Lautrec[28] mais aussi sur le maître de la Renaissance Léonard de Vinci, que Bonnefon conseille d’aller voir plusieurs fois au Louvre.

Le tableau de Léonardo peut être vu tous les jours et sous tous les jours. Allez voir le saint Jean un matin à l’ouverture du musée et allez-y un soir d’hiver qq minutes avant la fermeture. A ces deux visions il y a complication de jouissance assez douloureuse. Vous ne connaîtrez Léonardo qu’après un voyage en Italie[29].

Desnos s’initie également à la musique, goûtant apparemment peu l’art de Massenet, Borodine ou Gounod ou de leurs interprétations.

Votre impressions des Tuileries n’a rien de bizarre. Elle est juste devant l’immonde Massenet. Elle est juste devant Borodine. Mais je comprends que l’orchestre a mal joué « Dans les Steppes ». Les musiciens français ne comprennent rien à Borodine ; ils ne le jouent pas, ils l’exécutent comme du Saint-Saëns. Leur moindre défaut est d’aller trop vite. On n’applaudit jamais des mains. Il faut applaudir des yeux, pour le plaisir des oreilles[30].

« Vous avez raison pour Gounod qui fut le mauvais Robert-Houdin de la musique et l’affreux plagiaire de tout le passé[31]. »

Enfin, on devine la lecture de Balzac sur lequel Bonnefon semble le reprendre en insistant sur la force d’invention de l’écrivain réaliste : « Balzac est un grand créateur qui a créé (non peint) une époque. Les personnages de Balzac ont vécu après et d’après ses romans[32]. » Dans la bibliothèque de Bonnefon, et grâce à la carte de lecteur de la Bibliothèque Nationale qu’il lui permet encore d’obtenir en 1923, alors qu’il n’est plus son secrétaire, Desnos connaît ses premiers émois littéraires : il se passionne pour Laclos ou encore pour Verlaine dont il recopie deux volumes[33].

En matière d’écriture, Bonnefon et Gonzague Frick sont ainsi deux correspondants qui comptent parmi les premiers lecteurs, appelés à se faire critiques par les vœux mêmes du poète et à lui donner des conseils d’écriture. Une « épître supplicative » envoyée à Frick en juillet 1919, est ainsi accompagnée d’un mot du poète :

Cher Monsieur,
Voici un mets bien indigeste, je compte sur votre franchise. Je perds tout sens critique quand il s’agit de moi.
Cela a plu à quelques personnes et déplu à beaucoup.
Faites-moi donc la faveur d’être sévère. Cela me sera la meilleure louange. On ne critique que ce qui en vaut la peine[34].

Si Desnos s’adresse toujours à Bonnefon par des formules pleines de déférence (« Mon cher Maître ») et sur un ton très révérencieux, de maître à employé, ses relations avec Louis de Gonzague Frick se situent sur un autre registre. Le poète symboliste joue plutôt les pygmalions avec son jeune admirateur. L’« épitre supplicative » en vers de 1919, écrite dans un style bien différent de celui qu’on lui connaît aujourd’hui, reprend, dans un jeu d’imitation et de connivence, certains tours des poèmes de Gonzague Frick.

Dimanche au soir bien le voulûtes
Oh Sire courtois et discret
Adorner de votre beau paraphe à volutes
Vos livres que j’adore en secret.
Et, depuis, il n’est au jour minute
Où je ne les contemple en souriant
Car mon orgueil exulte
Des louanges qui sont contenues dedans.
[…]
Je porte, dites-vous,
L’amphore sacrée où sont les dictames
En moi-même, mais, de par Saint Robert vainqueur des loups
Je dois la renverser au péril de mon âme
Et m’éventrer afin que jusqu’à vos genoux
Roule un flot amical et de senteur propices[35].

Sans doute cette lettre accompagne-t-elle « Le fard des Argonautes », long poème narratif que Desnos republiera, en 1930, à l’ouverture de Corps et bien. En effet, « l’amphore sacrée » de cet épitre n’est autre qu’une référence à « l’amphore véritable et sacrée » qui apparaît dans le poème « Hymne[36] » de Frick, et dont quelques vers sont également placés en épigraphe du « fard des Argonautes[37] », dans sa première version de 1919 :

Voici l’échanson prestigieux qui garde une cadence alors même que l’amphore paraît vide.
Mais il porte l’amphore véritable et sacrée au dedans de lui-même.
Et celle-là nous offre une plénitude comme les pampres de l’été.
Il s’avance d’un pas apollinien au-devant de la toison moderne.
Et sa main plonge ainsi dans une peau de bête.

Se dessine un trait de connivence et de complicité entre les deux œuvres, rapprochées ici sous le signe de l’épopée dont Desnos offre une réécriture parodique dans son poème. Cette épigraphe dédicatoire est certes une marque d’estime pour le travail poétique de Gonzague Frick, mais elle vient également mettre en exergue la reconnaissance d’un jeune poète méconnu pour cet ainé qui saura lui apporter l’aide nécessaire à la publication, comme nous le verrons plus loin. « Je ne suis moi-même qu’humblement votre élève en Apollon[38] », écrit Desnos à l’auteur de Girandes quand l’autre lui prédit : « à mon tour, je forme les vœux les plus ardents pour vous et les vôtres. 1920 verra, j’en suis sûr, défiler le magnifique cortège de votre poësie vers un arc qui sera celui de la pure gloire[39]. » Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele[40] voient dans cette correspondance une certaine joute verbale qui confine parfois à l’opération de séduction, dans les apprêts du dandisme. S’il est bien entendu que l’aide de Gonzague Frick sera cruciale au jeune poète pour se faire connaître, il n’en demeure pas moins que l’imitation revêt aussi pour lui une dimension d’apprentissage, également mise à profit avec d’autres modèles.

Comme beaucoup, Desnos débute en pastichant ceux qu’il admire. Cette inspiration figure d’ailleurs en toutes lettres, en exergue de quelques poèmes prévus pour intégrer le recueil, finalement non publié, Prospectus[41]. Outre Verlaine et Rimbaud, cités plus haut, trois figures tutélaires semblent dominer dans l’esprit du jeune poète : Apollinaire, Tailhade et Mallarmé ; tous trois amis de Gonzague Frick. Ainsi en témoigne le poème « Dédicace », dans Prospectus (1919),  qui commence ainsi :

J’ai dit qu’il fallait rire
et j’ai dit qu’il fallait chanter ;
Laurent Tailhade, Apollinaire,
Je suis venu par les allées…[42]

Ses deux mentors ne tardent pas à relever cette inspiration encombrante pour inciter le jeune homme à trouver sa manière propre. « Vos vers, cher Robert, sont toujours de l’imitation. Vous rendez des lectures avec quel mélange[43] ! », remarque de Bonnefon, quand Gonzague Frick commente : « Cher ami, le poëme que vous m’avez adressé n’est pas sans mérite, mais il est trop visiblement inspiré de "L’Émigrant[44]" du bon Guillaume Apollinaire[45]. » Peut-être est-il question, ici encore, du « Fard des Argonautes », à moins qu’il ne s’agisse de « L’ode à Coco ». Ces deux poèmes, composés à cette période, adoptent, comme le poème d’Apollinaire, la narration, le souffle épique, l’alexandrin et l’usage du quatrain.

Quant à Laurent Tailhade, poète anarchiste, sans doute tient-il une place importante dans le cœur de Desnos pour la façon dont il anime ses instantanés de la vie parisienne, de la même façon que les poèmes de Prospectus tentent de donner vie aux scènes de la vie urbaine. La liberté de ton et la provocation amusée dont sont chargées ses œuvres n’ont pu que flatter le goût de Desnos pour la caricature et les calembours. Il fait ainsi figurer en épigraphe de « L’ode à Coco » un vers de Laurent Tailhade, tiré de la « Ballade pour exalter les Doyennes du Persil », dans les Poèmes aristophanesques[46]. Dans une lettre à Frick, il entend « faire acte d’admiration pour celui qui sut nous montrer le "beau geste[47]" » et duquel « [il] a si longtemps assimilé les rythmes aux rythmes de [sa] vie[48]. » Si, à la mort de Tailhade, Frick écrit à Desnos qu’il était « l’un de ses fils spirituels » et « [qu’il est] sûr que le grand poëte aurait été heureux de [le] connaître[49] », au contraire, Bonnefon, lui, encourage Desnos à se défaire cette imitation :

Nice, samedi
Mieux vaut tard que jamais ! Enfin ! j’ai vu vos essais mon cher Robert. Vous pouvez certainement réussir mais en travaillant beaucoup la grammaire qui est capricante chez vous et en vous délivrant de l’imitation de Laurent Tailhade  qui est un immense écrivain mais inimitable. Vous manquez de goût ou plutôt votre goût n’est pas formé. Tout cela s’acquiert avec le naturel que vous avez. Votre Ballade Guitry ne vaut rien. L’autre est infiniment meilleure. Vos adjectifs sont tous empruntés. Je ne dis pas cela pour vous décourager, au contraire, vous devez continuer et vous ferez j’en suis sûre des œuvres neuves et bonnes. Nous parlerons de cela. Je vous en supplie, ne soyez pas assez naïf pour compter trouver une place par la personne que vous me nommez. C’est ridicule. Gardez cela pour vous seul. […] Affectueusement[50]

Desnos est invité à se forger sa propre langue, débarrassée des manières empruntées à d’autres, inutilement obscures ou complexes, et qui sûrement sont aussi à l’origine de son goût pour Mallarmé. Le symboliste, érigé en modèle dans les années de jeunesse de Desnos, est ensuite quelque peu mis à distance. À Chaumont, où il effectue son service militaire, il écrit ainsi à Frick, dans une lettre datée du 27 mars 1920, « n’emporter qu’un seul livre d’une lecture tonique : Mallarmé. […] grâce [auquel] [il a] pu surmonter les dégouts de la carrière[51]. » La poésie de Mallarmé, planche de salut, est sujet d’admiration pour ses jeux formels et son travail extrême du signifiant. Néanmoins, la position de Desnos évolue peu à peu. Si, dans les articles qu’il publie sur le sujet, il ne cesse de démentir le jugement d’obscurité porté sur les vers de Mallarmé, pour lui « aussi clair que n’importe quel autre dans un domaine où il s’agit de parler aux sens et non à l’intelligence[52] », il concède cependant dans sa correspondance avec Gonzague Frick un goût plus nuancé à l’égard de l’auteur de Divagations :

Paris, dimanche, [11 septembre 1923]
Cher Ami,
[…] Quant au numéro Mallarmé laissez-moi vous féliciter d’une initiative à laquelle vous n’êtes certainement pas étranger. Votre article est très bien encore que je ne goûte pas autant que vous les vers de circonstances de S[téphane]. M[allarmé]. Cela tient sans doute à ce que vous l’avez presque connu en approchant de ses amis et que sa personne vous est plus présente qu’à moi[53]. […]
Robert Desnos

On sent la prise de distance d’un Desnos qui affirme son goût et se laisse peut-être moins prendre au jeu des affections et sociabilités[54]. Dans un article de 1942, intitulé « Impasse Mallarmé… Porte Rimbaud », il exprime plus franchement encore une fascination teintée de réserve envers le poète dont il ne parvient pas à envisager une filiation.

Mallarmé eut le génie de proposer une poésie limpide, cristalline, et plus intellectuelle que sentimentale. Il réussit une œuvre si claire qu’elle fut aveuglante et parut obscure à ceux qu’elle éblouissait. Mais son exploit était-il exemplaire ? Il fallut bien admettre que non quand on vit ses émules s’égarer dans la mièvrerie et des jeux de langage dont la vacuité et la monotonie désespéraient ceux qui s’y livrèrent[55].

Plus ouverte sur le monde, moins autotélique, la poésie de Desnos.

« Les bons génies de l’Amitié » : sociabilités et premières publications

Les lettres que Desnos échange avec Bonnefon et Gonzague Frick témoignent de son entrée dans le monde littéraire et des sociabilités qu’il noue. On est ainsi témoin des commentaires que se permet Bonnefon au sujet des amitiés et des fréquentations de son jeune employé. Charles-Lévy Duhamel[56], peintre rencontré dans les cafés du quartier latin se voit ainsi décerné le qualificatif d’« ami le plus intelligent[57] », tandis que Vitrac est vilipendé : « Que le diable garde Vitrac et le coupe en deux : il était trop long[58] ! » Le classique Bonnefon, dépassé par les mouvements d’avant-garde, suit de loin l’activité parisienne :  « Le mouvement Dada ! C’est à 6000 ans d’ici[59] ! » Pas de tels jugements sous la plume de Louis de Gonzague Frick qui est pourtant sans conteste à l’origine de quelques amitiés de Desnos, notamment avec Benjamin Péret[60], dont Desnos lui rapporte la rencontre dans une lettre du 25 décembre 1919 :

J’ai passé la soirée d’hier avec M. B[enjamin] Péret à qui vous aviez donné mon adresse. C’est un garçon charmant et nous sommes déjà 2 amis. Il fait des vers qui prouvent une singulière assimilation de Mallarmé[61].

Dans le Montparnasse de l’époque, Louis de Gonzague Frick fréquente les figures de Dada – Picabia, Tzara – et rencontre Breton et Aragon dès 1917. S’il ne présente pas immédiatement tous ces acteurs de l’avant-garde à Desnos, laissant le jeune écrivain se faire ses propres relations, du moins pouvons-nous supposer qu’il lui en parle et dessine pour lui une première géographie sociale du Paris littéraire de l’époque.

Cette initiation se fait d’autant plus concrète quand les mentors de Desnos s’attachent à le faire connaître et à lui donner un coup de pouce pour se faire publier. Louis de Gonzague Frick et Jean de Bonnefon ont tous les deux une activité intense de publication dans les journaux. Gonzague Frick publie des articles critiques dans lesquels il promeut les œuvres de ses amis, dont Péret puis Desnos, et propose même au jeune Robert de se « transforme[r] – pour [lui] – en l’Argus de la Presse[62]. » Dès 1919, il encourage Desnos à collaborer à la revue Lutetia de Fernand Demeure en lui écrivant : « Je me flatte que vous brillerez là d’un éclat plus vif encore parce que vous sentirez autour de vous les "bons génies de l’Amitié[63]" » ; mais cet essai fera long feu. Si Desnos a déjà publié en 1918 quelques poèmes, plus tard rassemblés dans Prospectus, grâce à son ami Roland Gagey dans La Tribune des Jeunes[64], c’est Louis de Gonzague Frick qui l’aide à publier ses premiers poèmes, notamment « Le fard des Argonautes » en 1919, dans des revues plus connues, et fait sa publicité auprès de ses cercles : André Geiger, André Malraux et René-Louis Doyon.

[1er décembre 1919]
Mon cher poëte,
Avant de vous remercier de votre poëme j’ai tenu à le montrer à des amis. Et je suis heureux de vous féliciter collectivement pour cette superbe composition d’un si beau mouvement lyrique. S’il y a là des influences, elles n’attestent rien de moins que votre profonde compréhension de la vraie poësie.
Il faut que vous publiez votre poëme dans une belle revue.
Venez prendre le café chez moi tel jour de votre choix à 1h ½ et nous essaierons.
Sachez moi votre admirateur affectionné.
Louis de Gonzague Frick[65]

Après une tentative de publication dans la revue de Marcel Raval Les Feuilles libres puis dans celle d’André Salmon La Rose rouge en décembre 1919[66], c’est finalement dans Le Trait d’Union, en avril 1920, avec une dédicace à Louis de Gonzague Frick, qu’est publié « Le Fard des Argonautes »[67]. Dans La Démocratie Nouvelle, en mars 1921, Gaston Picard écrit un article dans lequel il fait l’éloge du poème et d’autres, comme Gui Rosey lui témoignent « [sa] disposition absolue pour caser [ses] écrits. » Pourtant, Desnos doute des soutiens et écrit à son ami Georges Gautré s’interroger sur « ce que cela peut valoir », « déduction faite de l’amitié, de la politesse… ou de la pitié[68]. »

Notons qu’avec Jean de Bonnefon comme avec Louis de Gonzague Frick, Desnos sera d’une remarquable fidélité, entretenant avec chacun d’eux une correspondance suivie et sachant rendre la pareille à ces deux mentors, une fois la notoriété acquise et alors que les rapports s’inversent. Si donc on pouvait deviner les traits d'un Desnos peu sûr de lui, n'osant croire les éloges que pouvaient lui renvoyer ses premiers mentors, c'est aussi le portrait d'un Desnos plein de gratitude et de reconnaissance  que l'on devine en lisant les mots que lui adresse, quelques années plus tard un Bonnefon vieillissant. « Mon cher Desnos, Sur les chemins de la gloire, vous avez semé votre vieux patron ! Et portez-moi votre œuvre : je connais un de vos fidèles ! Affectueusement, J de B[69] », ironise avec tendresse Bonnefon en 1925. Quant à Gonzague Frick, Desnos n'hésite pas à lui venir en aide lorsque, malade et désargenté, il est interné par erreur à Saint-Anne dans les années 1938-1939[70]. Il aide à le faire sortir, sollicite pour lui des aides afin de subvenir à ses besoins et essaye de l’introduire à Paris-Soir.

Marie Bonnot

Université Paris Cité et UMR 7172 Thalim (Sorbonne Nouvelle / CNRS / ENS)

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[1] Lettre de Robert Desnos au président du Cercle des Arts et des Lettres, 12 octobre 1938. Conservée à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet. Cité par Sarane Alexandrian, Les Surréalistes et le rêve, Gallimard, 1974, p. 49.

[2] Poète lui-même, il publie quelques recueils dont Girandes (1919), Le Calamiste Alyzé (1921), Vibrones (1931), Ingrès (1935). Alors qu’il reste aujourd’hui peu reconnu par les histoires littéraires, on doit à Sarane Alexandrian un article qui fait mémoire de sa vie et de son œuvre. Sarane Alexandrian, « Un grand seigneur de la poésie moderne, Louis de Gonzague Frick », Supérieur inconnu, n° 20, janvier-mars 2001, p. 30-56.

[3] Guillaume Apollinaire, « M. Louis de Gonzague Frick ou le Phyllorodomancien », Le Mercure de France, 16 septembre 1912, repris dans Anecdotiques (1955), Gallimard, 1982, p. 83-88. L’anecdote est reprise par Sarane Alexandrian, art. cit., p. 32.

[4] Guillaume Apollinaire et André Salmon, dans Le Marchand d’anchois en 1906, le décrivent ainsi : « L’hippopotam’, cré nom de nom, / Ressemblait à Jean de Bonn’fon  »

[5] Jean de Bonnefon aime s’entourer de secrétaires qui passent pour être ses gigolos mais Desnos rassure son ami Georges Gautré dans une lettre du 27 mars 1919 : « J. de B. est vraiment très aimable et très curieux, je prévois que tu souriras à ce passage mais détrompe-toi : mon sommeil est solitaire et mon réveil (même nocturne) aussi. » Lettre reproduite dans Katharine Conley et Marie-Claire Dumas (dir.), Desnos pour l’an 2000,  Gallimard, 2000, p. 373.

[6] « Les deux timides, les voilà aussi dans l’appartement vieillot d’un romancier dont la bibliothèque nous éblouissait. Il s’appelait M.C. Poinsot, il avait obtenu une voix au prix Goncourt avec un illisible bouquin baptisé La Joie des yeux. Il était accouplé à un crasseux laideron et il n’avait aucun talent. Nous l’admirions beaucoup. » Henri Jeanson, « Desnos 1918 », Simoun, n° 22-23, Alger, 1956, repris par Marie-Claire Dumas dans son édition des Œuvres de Desnos, Gallimard, coll. « Quarto », p. 32-33.

[7] Robert Desnos, « Jean de Bonnefon », Le Merle, 7 avril 1928.

[8] Les lettres envoyées par Louis Gonzague Frick à Desnos sont conservées à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet. Cotes : DSN C 1350 - DSN C 1363 ; DSN C 1298 - DSN C 1312 ; DSN C 1314 - DSN C 1349 ; DSN C 1364 - DSN C 1372 ; DSN C 2340 - DSN C 2344.

S’y ajoutent désormais des lettres de Desnos envoyées à Louis Gonzague Frick, datées du 3 au 11 septembre 1923.

[9] Il s’agit de lettres acquises par la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet lors de la vente Ader du 3 octobre 2019. Cote : DSN Enr C 17.

[10] Le catalogue des archives conservées au Harry Ransom Center consultable en ligne : https://www.hrc.utexas.edu/. Dans la suite de l’article, les archives issues de ce fonds seront indiquées par les lettres HRC en début de cote.

[11] Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele, Louis de Gonzague Frick dans tous ses états. Poète, soldat, courriériste, ami, Classique-Garnier, 2017, p. 447-469.

[12] Anne Egger, Robert Desnos, Fayard, 2007,  p. 60.

[13] Robert Desnos, « Jean de Bonnefon », Le Merle, 7 avril 1928.

[14] DSN C 128.

[15] Robert Desnos, « Le secrétaire endormi », Le Merle, 5 mai 1928.

[16] DSN C 128

[17] DSN C 164

[18] DSN C 204

[19] DSN C 195

[20] DSN C 172

[21] HRC – série 2, lettre de Desnos à Frick, estimée à la mi-décembre 1919. Citée dans Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele, Louis de Gonzague Frick dans tous ses états. Poète, soldat, courriériste, ami, Classique-Garnier, 2017, p. 451.

[22] DSN C 129

[23] DSN C 178

[24] Ferdinand Brunetière, Questions actuelles, Perrin, 1907. L’ouvrage, numérisé, est accessible en ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80186f

[25] DSN C 206

[26] DSN C 128

[27] DSN C 177

[28] « Ce que vous ne savez pas c’est que Toulouse Lautrec était un merveilleux écrivain. Pas une ligne de lui n’a été imprimée. » (DSN C153-154)

[29] DSN C 188

[30] Idem

[31] Idem

[32] DSN C 212

[33] « Vos lettres deviennent très intéressantes. Votre programme des 3 jours est bien. Je comprends pas pourquoi vous avez copié les 2 volumes de Verlaine. Je les ai. Je vous les prêterai. Moi, j’aimerais moins ce que j’aurais ainsi copié. » Lettre de Bonnefon à Desnos, DSN C 188.

[34] Lettre de Desnos à Frick datée du 22 juillet 1919, HRC Série 1, citée dans Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele, Louis de Gonzague Frick dans tous ses états. Poète, soldat, courriériste, ami, Classique-Garnier, 2017, p. 447-449.

[35] HRC Série 1, poème de Desnos à Frick du 21/07/1919. Cité dans Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele, Louis de Gonzague Frick dans tous ses états. Poète, soldat, courriériste, ami, Classique-Garnier, 2017, p. 447.

[36] Louis de Gonzague Frick, « Hymne », Poetica, Éditions de l’Épi, 1929.

[37] « Le fard des Argonautes » sera republié en ouverture de Corps et bien, en 1930, cette fois-ci débarrassé de sa dédicace à Louis de Gonzague Frick et de cette épigraphe.

[38] Lettre de Desnos à Frick, décembre 1919, (« Trois fois hélas… »), HRC, Austin.

[39] Lettre de Frick à Desnos, 31/12/1919. DSNC 1302, BLJD.

[40] Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele, Louis de Gonzague Frick dans tous ses états. Poète, soldat, courriériste, ami, Classique-Garnier, 2017, p. 409.

[41] Voir Robert Desnos, Œuvres, Marie-Claire Dumas (éd.), Gallimard, coll. « Quarto », 1999, p. 13.

[42] Robert Desnos, « Dédicace », Prospectus, dans Œuvres (éd. Marie-Claire Dumas), 1999, p. 19.

[43] DSN C 134

[44] Il s’agit de « L’Émigrant de Landor Road », Alcools (1920), Gallimard, « Poésie », p. 85-87, 2006. Dédicacé à André Billy.

[45] DSN C 1315, lettre de Frick à Desnos du 26 octobre 1919. Il pourrait s’agit de « L’Ode à Coco ».

[46] A ce sujet, voir l’article de Damiano De Pieri, « Les « lettres arborescentes » de Robert Desnos : la genèse de « L’Ode à Coco » et de « Cataracte des flots cataracte des yeux » », Fabula / Les colloques, Robert Desnos. Regards sur les archives numérisées, URL : http://www.fabula.org/colloques/document7588.php, page consultée le 06 janvier 2023.

[47] DSN Enr C 17, lettre de Desnos à Frick du 3 septembre 1919.

[48] HRC – série 2, lettre de Desnos à Frick, estimée à la mi-décembre 1919. Citée dans Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele, Louis de Gonzague Frick dans tous ses états. Poète, soldat, courriériste, ami, Classique-Garnier, 2017, p. 451.

[49] DSN C 1307, lettre de Frick à Desnos, 1919.

[50] DSN C 239

[51] DSN Enr C 17-2

[52] Robert Desnos, « L’anniversaire de la mort de Stéphane Mallarmé », Le Soir, 10 septembre 1928, repris dans Robert Desnos, Cahiers de l’Herne, éd. Marie-Claire Dumas, 1987, p. 238.

[53] DSN Enr C 17-5. BLJD

[54] Cette prise de distance se poursuivra ensuite, jusqu’à réévaluation de la hiérarchie établie dans sa jeunesse, puisque, dans un article de 1942 intitulé « Impasse Mallarmé… Porte Rimbaud », Desnos

[55] Robert Desnos, « Impasse Mallarmé… Porte Rimbaud », Mines de rien, édition établie et présentée par Marie-Claire Dumas, avant-propos par Alain Brieux, Cognac, Le Temps qu’il fait, collection « Pleine Marge », p. 154. [Première publication dans la rubrique « Chronique des temps présents », Aujourd’hui, 5 mars 1942]

[56] DSN C 128. Il s’agit de Charles Lévy-Duhamel, rencontré en 1919 dans les cafés du quartier latin et mort de tuberculose en 1927. Il veut devenir peintre. Cf le texte de Desnos « Dada-surréalisme », commandé par Jacques Doucet 1927 dans lequel il revient sur cette bande. Repris dans Œuvres (éd. M-C Dumas), p. 406-407 et dans Nouvelles Hébrides et autres textes, 1978.

[57] DSN C 137

[58] DSN C 176

[59] DSN C 182

[60] La rencontre avec Péret est racontée ailleurs par Desnos dans « 1919, Limbour, Péret et moi à l’époque où le mouvement Dada commence » dans « Dada-Surréalisme-1927 », Nouvelles Hébrides et autres textes (1922-1930), Marie-Claire Dumas (éd.), Gallimard, coll. « Blanche », 1978.

[61] HRC – Séries 2, lettre de Desnos à Frick du 25 décembre 1919. Cité dans Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele, Louis de Gonzague Frick dans tous ses états. Poète, soldat, courriériste, ami, Classique-Garnier, 2017,  p. 453.

[62] DSNC 1345, Lettre de Frick à Desnos, 2 août 1914. Cité dans Stephen Steele et Anne-Françoise Bourreau-Steele, Louis de Gonzague Frick dans tous ses états. Poète, soldat, courriériste, ami, Classique-Garnier, 2017, p. 460.

[63] Lettre de Frick à Desnos du 16 septembre 1919, DSN C 1343.

[64] Quelques poèmes repris dans Prospectus : « Aquarelle », « Casqués du heaume », « Chanson », « Au colonel Doury », « Chine », « Rêverie d’automne », « La Victoire de Champagne », « Rondeau asiatique », « Vision », « Sonnet ». cf. Anne Egger, Robert Desnos, Fayard, 2007, p. 63.

[65] DSN C 1298

[66] Voir André Salmon, Souvenirs sans fin, p. 730

[67] DSN C 1310

[68] Lettre de Desnos à Gautré du 3 octobre 1921, citée par Anne Egger, Robert Desnos, Fayard, 2007, p. 85

[69] DSN 230

[70] Anne Egger, Robert Desnos, Fayard, 2007, p. 712-713.