Minuit à quatorze heures. Essai de merveilleux moderne – 1925

Carte d'identité


Identification : Cotes BLJD

Cote DSN 995 – manuscrit autographe.
Cote DSN 279 – dactylographie.
Cote K VIII 12 – publication.

 

Présentation matérielle et codicologique

Cote DSN 995 – manuscrit autographe : 13 feuillets – 268 x 210 mm
Cote DSN 279 – dactylographie : 14 feuillets – dactylographie (2 copies)<
Cote BLJD K VIII 12 : Les Cahiers du mois, n°12, 14 cm/19cm

 

Date de composition

Note manuscrite au crayon en marge du premier feuillet de la dactylographie : « écrit par Robert alors qu’il était à Paris-Soir 14. Bd. Montmartre – vers 1925 ».

 

Modalités d’entrée dans la collection

Cote DSN 995 et DSN 279 : Legs Youki Desnos et don Espinouze
Cote BLJD K VIII 12 : Fonds spécifique – Collection de Jacques Doucet.

 

Date de première publication

Numéro spécial des Cahiers du mois, éditions Émile-Paul frères, n°12, juin 1925, 159 p. : Scénarios par François et André Berge, Maurice Betz, Jacques Bonjean, Robert Desnos p. 106-113), André Desson, André Harlaire.

Contenu


Un homme de trente-cinq ans et sa maîtresse habitent dans une villa à la campagne. Ils vont accueillir un ami, un jeune homme de vingt-huit ans, à la gare. De retour, ils déjeunent dans le jardin. L’amant s’absente. L’ami et la femme s’embrassent sur la bouche.

Le lendemain matin, ils partent tous les trois à la pêche. La femme et l’ami s’ennuient et vont faire un tour. Ils s’embrassent. L’homme continue de pêcher, puis tente de dégager sa ligne prise dans des herbes ; il tombe à l’eau. Un paysan accourt pour le secourir.

À partir de ce moment, le motif du cercle ponctue toute l’histoire : des ronds dans l’eau, des pupilles rondes, des assiettes, rondes, etc.

Le nouveau couple – constitué de la femme et de l’ami – habite la villa. Beaucoup de visions s’enchaînent. Puis une grosse boule apparaît dans la maison et le jardin, d’abord furtivement. Un jour, elle vient tourner autour du couple. Elle s’attarde de plus en plus. La femme et l’ami sont comme pétrifiés dès qu’elle fait son apparition. Puis la boule saute sur la table et s’approche des assiettes qui se vident. Les jours suivants, elle a son couvert. Elle grossit. L’homme l’envoie un jour par la fenêtre, à grands coups de coup de pied. Elle roule ; elle fait beaucoup de chemin ; elle traverse Paris, la campagne, la mer, les flots, les plages et les forêts. Le couple est délivré de son cauchemar.

La boule continue de rouler. Elle absorbe les oiseaux, les reptiles, les lapins, etc. Elle grossit de plus en plus. Elle absorbe désormais des arbres entiers. Puis la boule refait le chemin en sens inverse, la nuit. Elle est énorme. Elle fait une ombre immense sur le ciel. La boule dévale la colline, arrive sur la maison. Tout, boule et maison, disparaît, englouti. À l’aube, un vaste entonnoir se trouve à la place de la maison. Deux gendarmes arrivent et regardent l’entonnoir avec étonnement ; les paysans, aussi.

Les nuits et les jours se succèdent. La lune s’amincit jusqu’à devenir un mince croissant. Tout se termine par « Le sphérique dans le ciel ».

N.B. : Une note finale précise qu’à chaque fois que la boule apparaît la musique joue La Carmagnole, et que le reste du temps est jouée de la « musique de cinéma », pas de la « musique artistique ».

Transcription du texte


Extrait :

Feuillet 1 [numéroté d’un 1 entouré d’un cercle plein]
Minuit à quatorze heure [souligné de deux traits]
Essai de merveilleux moderne
1 [souligné d’un demi-cercle] une villa à la campagne. vue de la campagne. Collines, ...

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Analyse


Analyse réalisée par Carole Aurouet, Université Gustave Eiffel/IRCAV

Extrait :

Accorder une prévalence à la description de l’esprit, à l’œuvrer plutôt qu’à son résultat, l’œuvre, est éclairant à bien des égards, notamment pour comprendre la création en train de se faire, par la mise en exergue des traces visibles d’un mécanisme créatif. Pour le dire autrement, passer ces sources à l’épreuve de l’analyse génétique permet d’enrichir nos connaissances sur la méthode créatrice de Desnos. ...

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Bibliographie


Articles

  • Aurouet Carole, « Le Cinéma de Robert Desnos et Benjamin Péret », Cahiers Benjamin Péret, septembre 2014, p. 17-25.
  • Aurouet Carole, « Le Cinéma de Robert Desnos », Catalogue du Festival du Film de Compiègne, 2015, p. 48-49.
  • Aurouet Carole, « Éclairage d’un ciné-texte inédit de Robert Desnos : Paul, trente ans, attend sa maîtresse (1925) », Actes du colloque « Le Cinéma des Poètes » codirigé en 2018 par Carole Aurouet et Marianne Simon-Oikawa, Revue de l’université de Todai, Tokyo, 2020.
  • Dumas Marie-Claire, « Minuit à quatorze heures. Un scénario exemplaire de Robert Desnos », Études cinématographiques, Printemps 1965, n°19, p. 135-139 ; p. 141-146. Article précieux introuvable à donner dans les ressources
  • Wills D., « Langage surréaliste, langage cinématographique à propos de quatre scénarios écrits par Robert Desnos : Minuit à quatorze heures, Les Récifs de l’Amour, Les Mystères du Métropolitain et La Part des lionnes », L’Icosathèque (20th) : le texte et son double, le Siècle éclaté (3), 1985, n°720-725, p. 67-84.

Ouvrages

  • Aurouet Carole, Desnos et le cinéma, collection « Le cinéma des poètes », Éditions Jean-Michel Place, 2016, 110 p.
  • Aurouet Carole, Le Cinéma des poètes. De la critique au ciné-texte (Guillaume Apollinaire, Pierre Albert-Birot, Antonin Artaud, Robert Desnos, Benjamin Péret), Lormont, Le Bord de l’eau, 2014, 291 p.